Le métier de guide dans la baie du Mont-Saint-Michel avec Lydie Balidas, co-gérante de l’entreprise « Découverte de la baie ».
Marine Meunier | Publié le |
Il y a quelques semaines, j’ai contacté Lydie pour lui proposer de témoigner sur le métier de guide qu’elle connaît bien. Nous nous sommes vues à Genêts où sont situé les locaux de l’agence « Découverte de la baie. » Ensemble, on est revenue sur son parcours et elle a pu m’en dire plus sur sa décision de changer de vie professionnelle. C’était inspirant et enrichissant d’entendre ce parcours. Je vous laisse découvrir. 🙂
Lydie a d’abord occupé différents postes dans le secteur de la santé. Elle a suivi un parcours riche et varié avant de trouver sa nouvelle voie professionnelle comme gérante de la structure « Découverte de la baie du Mont-Saint-Michel ». À travers son témoignage, elle nous partage son changement de vie, les défis qu’elle a surmontés et l’éthique qui guide son travail dans une entreprise familiale et historique.
Sommaire
ToggleUn parcours professionnel riche et engagé :
Pendant presque 20 ans, Lydie a travaillé dans le secteur médico-social. Elle a commencé en tant qu’infirmière en psychiatrie, où elle a accompagné des publics en difficulté sociale. Les dernières années, elle a dirigé un service d’accompagnement médico-social à domicile pour des personnes atteintes de troubles psychiatriques. Un rôle qu’elle a aimé, mais qui, peu à peu, l’a éloignée du contact humain direct qu’elle affectionnait tant.
« Je travaillais sur cinq services différents, et j’avais de moins en moins de temps pour les échanges humains. C’était frustrant. J’avais l’impression de mentir à force de reporter les problèmes sans solution. »
Cette frustration a conduit Lydie à se poser des questions sur son avenir professionnel. Après un burn-out et une séparation, elle a décidé de prendre un nouveau départ.
« Je me suis toujours dit le jour où je ne me sens plus à ma place, je change. »
Une transition professionnelle courageuse :
Lydie a choisi de quitter son poste et de négocier une rupture conventionnelle. « Ce n’était pas un échec pour moi. C’était une décision nécessaire pour construire autre chose. »
« C’était plein d’incertitude, mais c’était nécessaire. C’était une vraie transition de vie. »
Elle s’est donnée du temps pour explorer, tester et se recentrer. De fil en aiguille, elle s’est retrouvée à marcher régulièrement, notamment autour de la baie du Mont-Saint-Michel, un lieu qui a marqué son enfance.
Depuis 4 ans, elle avait déjà rejoint une association qui organise chaque année environ 25 marches de 100 km entre Champsecret, dans l’Orne et le Mont.
Dès sa seconde participation, le Président de l’association lui avait proposé d’accompagner elle aussi. Elle avait trouvé cela étrange, car elle n’était venue qu’une fois. Et pourtant, le déclic s’était fait. Elle s’était fait confiance et s’était laisser porter, car elle savait qu’elle adorait ça.
En parallèle, elle explore un projet d’élevage de moutons pour utiliser la laine. Elle qui tricote depuis toujours et qui est attachée au local ; ça lui parle. Comment on réutilise la laine des moutons ? Qu’est qu’on peut mettre en place ? Quels métiers ?
Elle rencontre des personnes dont c’est le métier et qui souhaitent créer une structure. Mais elle s’aperçoit que c’est incompatible avec son besoin de rester libre et d’aller marcher. Les soins vétérinaires et la nécessité de présence constante que demandent ce type d’activité, et les animaux, ne sont pas à prendre à la légère. Elle se questionne sur la compatibilité de ce rythme de vie avec ses propres envies et besoins.
Mais voilà, il faut penser à la suite, se sécuriser financièrement et trouver quelle activité faire pour ne pas rester sans rien.
Alors elle doute, elle trouve étrange de ne pas réussir à formaliser son projet.
Son médecin la rassure et lui rappelle qu’après 20 ans de carrière dans un même secteur, c’est normal. Elle finira par trouver son projet. Elle est en alerte constante, elle cherche de l’information, se nourrit et se saisit des échanges qu’elle peut avoir avec son entourage proche ou moins proche, au gré des rencontres.
Après une discussion avec un conseiller à la CCI ou on l’alerte sur le fait de créer une micro-entreprise pour animer des ateliers ; elle doute, car on lui précise que si elle créé sa microentreprise et que finalement ce n’est pas son « vrai projet » ; elle peut se couper de financement si elle décide finalement de se lancer dans son projet d’exploitation de la laine.
« Je me dis qu’en effet si c’est pour faire 3 ateliers en milieu scolaire et quelques prestations auprès des particuliers ça ne vaut pas le coup. »
C’est à ce moment qu’un ami de son association ou elle marche, lui parle d’une entreprise locale à reprendre. Une entreprise qui organise des traversées dans la baie du Mont-Saint-Michel. Une opportunité qui regroupe plusieurs de ses passions : la nature, la marche, et l’humain.
Elle en discute avec la gérante qui souhaite vendre. Et tout se met en place dans sa tête et la vision de son futur projet professionnel.
Le choix du métier de guide :
Après une période d’immersion professionnelle d’un mois dans l’entreprise et validée avec France travail, Lydie a confirmé son envie de se lancer. En 2023, elle fait une première saison en tant que salariée avec la gérante pour la passation ; et quelques mois plus tard, elle devient cogérante de l’entreprise aux côtés de ses associés, Raphaël Josset et Pierre-Gilles Thouret.
Ensemble, ils s’efforcent de préserver l’esprit familial et l’éthique de l’entreprise tout en modernisant certains aspects.
Lydie explique : « Être guide, ce n’est pas juste accompagner des gens d’un point A à un point B. C’est transmettre l’histoire du Mont, de la baie, et respecter cet environnement unique. Ce n’est pas Disneyland. »
Les défis d’un métier passion :
Le métier de guide n’est pas sans contraintes :
- Un rythme saisonnier exigeant. « L’hiver est la période du travail invisible, c’est une période très calme en termes d’activités en baie, presque trop. Mais la saison, elle, est intense, physiquement et mentalement. »
- Des responsabilités importantes. Assurer la sécurité des groupes dans un environnement naturel imprévisible demande une vigilance de chaque instant.
- Un équilibre à trouver. « Entre le terrain et le bureau, il faut s’organiser. Heureusement, on travaille en équipe, ce qui rend les coups de mou plus faciles à surmonter. »
« Les guides sacrifient beaucoup de choses. C’est un rythme particulier. Ce n’est pas que de belles images. Ça reste une grosse responsabilité quand on guide des personnes. Il y a un aspect sécurité, gestion de groupe, et connaissance du terrain qui est très important. »
Pour Lydie, il est essentiel de ne pas perdre de vue les valeurs de ce métier : l’authenticité, le respect de la baie et la transmission d’un savoir unique. Un métier ancestral qui évolue.
Un métier pas comme les autres.
« Ça reste un métier ancestral. Ce n’est pas juste une balade… Arriver au pied du mont, ce n’est pas rien. Le contact avec le sol, l’eau, la vase… Le rapport avec l’environnement n’est pas le même. Il n’y a pas de chemin tout tracé dans la baie… La baie est comme la vie, imprévisible, inconstante, parfois paisible, parfois très puissante, instable. C’est la magie de la baie. Il faut y venir, la connaître avant et par tous les temps. C’est un métier très exigeant en termes de sécurité. Ça a un impact dans sa vie personnelle. Il faut être prêt pour passer d’une période où l’on est dehors constamment, à l’hiver ou l’on est assez replié sur soi. Il y a moins d’échange. Le manque d’interaction peut être déprimant quand la saison se termine. L’équilibre de vie est loin d’être linéaire. »
Pour Lydie, c’est clair que l’équilibre qui permet de tenir le cap, c’est d’avoir une vie en dehors de la baie et de son métier, surtout quand l’hiver approche. Être entouré, avoir une vie associative par exemple, permettent de ne pas vivre une coupure trop intense.
Un conseil pour ceux qui veulent changer de vie :
À ceux qui hésitent à changer de voie professionnelle, Lydie conseille : « Donnez-vous du temps, ne vous précipitez pas. Testez, explorez, et entourez-vous de personnes bienveillantes. Le changement, c’est plein d’incertitudes, mais c’est aussi une chance de se réinventer. »
Aujourd’hui, Lydie se sent à sa place, à la fois professionnellement et humainement. Elle a trouvé un équilibre qui lui correspond. « Avant, j’avais le sentiment d’être débordée. Aujourd’hui, c’est pareil, mais je ne le ressens pas de la même façon. Je n’ai plus cette inertie à laquelle j’ai parfois été confrontée dans mon ancien travail. Il y a une rapidité d’exécution qui est très appréciable. »
Les projets pour la suite :
« En 2026, j’aimerais suivre rouvrir la formation de guide. Il faut forcément être salarié pour se former. En 2022, ils ont été cinq guides à entrer dans l’entreprise. Seul un est resté, c’est Raphaël, le co-gérant. Ça a été un coup dur, même si ça fait partie du jeu. »
Lydie reste attachée à préserver l’authenticité de la baie et son esprit d’équipe : « On a besoin de ce travail collectif. C’est loin d’être un métier solitaire. »
La baie du Mont-Saint-Michel, avec sa magie et ses défis, est devenue bien plus qu’un lieu de travail : un véritable projet de vie.
« La baie, c’est compliqué mais passionnant ! »
Pour découvrir les traversées dans la baie :
Vous pouvez retrouver les traversées sur le site et sur les réseaux sociax :
- Compte Facebook
- Compte Instagram @decouvertedelabaie.
Pour retrouver d’autres articles dédiés aux changements de vie pro, c’est par ici.
À bientôt pour un nouvel article !
Marine – Objectif futur 🚀
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