Obtenir une rupture conventionnelle dans l’éducation nationale et changer de vie pro avec Pauline Godin.
Marine Meunier | Publié le |
Il y a quelques semaines, j’ai proposé à Pauline de me parler de son changement de vie pro grâce à la rupture conventionnelle. J’entends beaucoup autour de moi : « c’est impossible ». « C’est le parcours du combattant. » « Surtout dans l’éducation nationale ». Mais en rencontrant Pauline, je me suis surtout souvenu, que oui, valider sa demande de rupture conventionnelle, c’est possible, mais ça ne s’improvise pas ! Je vous écrivais déjà sur ce sujet il y a quelques mois. Voici un résumé de notre échange en espérant vous donner la niaque d’enfin décrocher cette rupture qui vous permettrait de développer votre projet en toute sérénité.
Sommaire
TogglePeux-tu te présenter ?
« Je m’appelle Pauline Godin, j’ai 36 ans. Je suis écrivaine, biographe, conseillère littéraire et formatrice. »
Quel.s poste.s as-tu occupé avant ton changement de vie professionnelle ?
« J’étais professeure de Lettres Modernes, puis principale adjointe dans une SEGPA. »
Qu’est-ce qui t’a poussée à quitter ton poste d’enseignante ?
Pauline explique que le métier devenait difficile à exercer. « Je n’étais plus bien dans ce que je faisais. C’était un conflit de valeur. » Elle ressentait un profond malaise face à un système qu’elle percevait comme maltraitant, autant pour les élèves que pour les enseignants. « Je commençais à m’ennuyer aussi. C’était beaucoup de temps personnel et je ne trouvais plus de sens. »
Cette réflexion l’a menée à faire un premier changement : devenir principale adjointe. « Je pensais pouvoir améliorer le système avec lequel je n’étais plus en accord. Ça m’a redonné de la motivation. »
Quel a été le déclencheur de ta reconversion ?
Un voyage à Oslo, en 2020, a marqué un tournant. Peu après, le confinement est arrivé. Pauline raconte :
« Je me suis dit : je ne peux pas continuer comme ça. Pendant le confinement, j’ai commencé à réfléchir à mes compétences. J’ai suivi un MOOC gratuit sur le thème « Réussir sa vie professionnelle » avec le CNAM. Ça m’a permis de me poser les bonnes questions et de voir que j’avais des compétences transférables. Des compétences managériales, organisationnelles, et une capacité à travailler en autonomie. »
C’est également pendant cette période qu’elle a écrit noir sur blanc ses envies : « Passer du temps avec mon compagnon, être indépendante, être stimulée »…
À cette période elle échange beaucoup avec son compagnon qui s’est lancé un an plus tôt à son compte. En parallèle, elle fait ses recherches sur le métier d’écrivaine publique.
« J’ai construit mon projet autour de ça. »
Comment s’est passé le premier changement avec cette prise de ton poste de principale adjointe ?
Pauline se souvient que la posture était complexe.
« Tu n’es pas vraiment responsable hiérarchiquement, mais tu te retrouves tout de même à coordonner tes anciens collègues. » Elle réalise alors que ce n’était pas le métier d’enseignante qui lui posait problème, mais bien le système dans son ensemble.
Déjà à 80% sur ce poste, Pauline avait commencé à développer son activité d’écrivaine. « J’avais besoin d’indépendance. J’avais déjà créé mon entreprise pendant le confinement. »
C’est à ce moment là que tu as commencé à penser à la rupture conventionnelle ?
« Oui, c’est là que j’ai commencé à m’informer sur les dispositifs existants… Quelques mois plus tard, je suis tombée enceinte et j’ai compris que quand j’allais prendre mon congé maternité, je ne souhaitais pas revenir. Finalement, j’ai été en arrêt quelques mois après.
C’est à ce moment-là que je me suis dit que je ne reviendrais pas… J’ai commencé à faire des recherches sur la rupture conventionnelle plus précisément.»
Peux-tu expliquer ta démarche de rupture conventionnelle ?
Depuis janvier 2020, un dispositif en test permet aux fonctionnaires de demander une rupture conventionnelle. Ce processus, prévu pour durer cinq ans jusqu’en 2025, constitue une alternative intéressante.
Pauline précise : « Sinon, tu as soit : la démission ou le licenciement. Tu peux aussi demander une disponibilité. C’est-à-dire que tu mets tout en pause pendant un an ou plus, notamment pour la création d’entreprise. Mais moi, j’avais besoin de rompre tous les liens, et ce qui me sécurisait, c’était de récupérer des droits au chômage. »
La procédure a nécessité un courrier, un entretien avec le rectorat, et la préparation d’un dossier solide :
« J’avais bien préparé mon dossier, car finalement, j’avais déjà mis en place plein de chose depuis mars 2020. J’ai repris mes dates de rendez-vous avec les ressources humaines et la psychologue de l’éducation nationale, mes notes sur les échanges, les autres possibilités…Je connaissais les possibilités qu’on allait me proposer. J’avais mes arguments pour contrer les autres dispositifs de départ qui ne me correspondaient pas…
J’ai montré que j’avais même tenté un autre poste avec le poste que j’avais en tant que principale adjointe.
Et surtout, j’ai pris ma posture de cheffe d’entreprise et j’ai montré que mon projet, c’était du sérieux. Que mes clients attendaient ! »
« Je suis arrivée avec un projet, des arguments, et une posture confiante quant à la suite de ce rendez-vous. Je leur ai montré qu’il fallait me libérer de tout ça, car j’avais une autre activité qui roulait et qui m’attendait. »
Pauline était déterminée. Son attitude montrait que c’était une formalité pour elle, car ce n’était pas possible autrement. Elle était déjà ailleurs et son projet était plus que validé.
Le tout était de savoir quand. En octobre 2021, sa demande a été acceptée pour février 2022.
Qu’as-tu ressenti à ce moment-là ?
« C’était la libération ! Comme l’impression de sortir de prison… Je pouvais enfin avancer dans mon projet entrepreneurial. Ce que je tiens à souligner, c’est qu’ils ne voulaient pas lâcher des personnes parce qu’elles se sentent mal là où elles sont.
Ils veulent leur proposer d’autres postes possibles. Et ce sont eux qui payent les ARE donc c’est un budget à part. S’il n’y a pas de projet professionnel sérieux en dehors, c’est plus compliqué. »
Comment décrirais-tu cette nouvelle vie ?
Depuis février 2022, Pauline a vu son activité se développer :
« J’ai rodé mon discours, affiné mon offre, et dépassé mes objectifs. Aujourd’hui, ça roule. »
Elle souligne l’importance d’un lancement bien préparé et d’un apprentissage progressif :
« Ça m’a pris deux ans pour apprivoiser le système entrepreneurial et intégrer cette posture. Il y a eu des doutes, mais quand on fait bien les choses, les gens reviennent. »
Un conseil pour celles et ceux qui envisagent l’entrepreneuriat ?
« Il faut être bien accroché. Si tu n’es pas ton propre filet, ça peut faire mal. L’entrepreneuriat, c’est bien plus qu’un métier : c’est un ensemble de compétences. »
Pour Pauline, il est essentiel de prendre son temps : « Prends le temps de réfléchir, de souffler, de vérifier que ton projet est viable. C’est aussi ça, être entrepreneur : persévérer, se connaître, et connaître ses limites. »
Pour découvrir l'univers de Pauline...
Vous pouvez retrouver les services d’accompagnement à l’écriture directement sur le site de Pauline.
Vous pouvez aussi la retrouver sur son compte Instagram : @ecrire.conseil
Pour retrouver d’autres articles dédiés aux changements de vie pro, c’est par ici.
À bientôt pour un nouvel article !
Marine – Objectif futur 🚀
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